Avec luvan, Léo Henry et Emilie Querbalec.
Modération : Tristan Garcia.

Table ronde sur "Anthropocentrisme : l’altérité en SF ne sert-elle, en définitive et en dernière analyse, qu’à tendre un miroir à l’humain ?" lors de la 9e édition du festival Les Intergalactiques en septembre 2021.

Le site web du festival :
https://intergalactiques.net

Les discussions autour de la thématique de l’altérité durant le festival renvoient quasiment toutes à l’idée que la science-fiction, qu’elle mette en scène des extra-terrestres, des robots, des sociétés du futur, renvoient toujours à un moment donné à l’humain, et même plus précisément à la civilisation qui leur a donné naissance, comme si elle lui tendait un miroir.
Ce pourrait presque être énoncé comme un paradoxe : nous avons un genre qui se caractérise par un écart vis-à-vis du réel, qui explore et crée des formes d’altérité parfois insolites, inouïes, et en même temps, ce décalage émane bel et bien de représentations, de connaissances et d’un imaginaire situés.

Non seulement ceux-ci sont toujours, en définitive, anthropocentrés, mais ils sont même souvent ethnocentrés. Ils nous renvoient toujours paradoxalement à nous-mêmes, en tant qu’espèce, civilisation, culture.
Au point de nous demander quel degré d’étrangeté il nous est réellement possible de concevoir dans la science-fiction, puisqu’elle semble toujours graviter autour de questionnements anthropologiques, renvoyer de manière métaphorique à des réalités connues - par exemple, remettre en cause la xénophobie, étendue aux extra-terrestres : dénoncer les rapports d’exploitation à travers la figure des machines, des robots et des androïdes.

Pourtant, il semblerait simpliste de la résumer à cela : cette discussion aura donc pour objet de parler, d’une part, de cette vertu indéniable de la science-fiction qui est de nous faire réfléchir sur nous-mêmes, et, d’autre part, de nous demander en quoi elle n’est peut-être pas qu’une forme de fiction didactique et réflexive, un système clos sur lui-même.